vendredi 18 septembre 2009


La 19ème promenade des Fans du Mascaret partira le

dimanche 4 octobre 2009 à 11 heures

de la place de l’église de Beautiran

où l'on sera de retour vers 18h


n'oubliez pas le pique nique

la promenade est réservée aux membres de l’association à jour de leur cotisation à l’heure de l’assemblée générale ; pour les conditions d’adhésion ou pour toute autre information, consultez le blog des fans du mascaret sur lequel vous trouverez l’itinéraire de la promenade et les informations de dernière minute, le plan pouvant être modifié jusqu’au trois octobre en fonction des données météorologiques, de l’avancée de la pandémie grippale et de l’humeur du Conducator :

http://fansdumascaret.blogspot.com/





L'assemblée générale annuelle de l'association "Les Fans du Mascaret" se tiendra le

Dimanche 4 octobre 2009
De 13h à 15h

Devant le château Turpaut à L’Isle Saint Georges

ordre du jour : apéritif, rapport moral, pique-nique, rapport financier, café, questions diverses.


Je soussigné donne pouvoir à

pour voter en mes lieu et place lors de l'assemblée générale annuelle du 4 octobre 2009

cet avis tient lieu de convocation
L'itinéraire proposé reprend en partie celui de la 6ème promenade qui s'était déroulée le 2 juin 1996, depuis lors, du fait de l'incurie de nos édiles, les chemins en bord de Garonne ne sont plus praticables et la jolie passerelle qui permettait de franchir le Gat Mort est dans un tel état qu'elle n'est plus utilisable....
Portets
et le pays de l'Aruan
6ème promenade des Fans du Mascaret
Dimanche 2 Juin 1996



Portets est il le Stomatas de l'itinéraire de Bordeaux à Jérusalem, comme semble l'indiquer l' ancienne appellation : Portets en Matas ? est il le port de Garonne auquel abordaient les pèlerins, qui, parmi les multiples chemins possibles vers Saint Jacques de Compostelle avaient choisi de faire escale à La Sauve avant de franchir le fleuve pour affronter la traversée des Landes ?
C'est en tout cas un port, le Port du Roy du grand siècle d'où partent vers les chais des chartrons les barriques chargées de son vin, le rouge, bien sûr, qui a "du corps et de la finesse, du bouquet et de la couleur", mais des blancs aussi, parmi les meilleurs des Graves. Le bourg ancien s'allongeait en bordure de la terrasse qui domine la zone des palus, encore mal draînée où l'on s'étonne de voir les ceps hiberner dans l'eau glauque et glacée. Les belles façades XVIIIème de ces maisons de pêcheurs, mariniers ou viticulteurs se confondent avec celles d'artisans, fabricants de barriques ou techeneys, tisserands qui travaillaientle lin, cultivé et rouï dans la vallée de la Garonne. Le fleuve est corne d'abondance, et les galets déposés aux temps où il était bras de mer sont pierre philosophale qui transmute les humeurs du sol en vin des Graves.
Cette façade des quais de Portets veuve de son rivage qui s'éloigne vers Langoiran est limitée à l'ouest par les constructions basses, les beaux arbres, les grilles et les degrés de pierre aux robustes balustres du château ; l'église paroissiale se trouva longtemps l'otage des châtelains, jusqu'à ce que , dans les années 1850, soit réalisée sur les plans de Henri Duphot, l'église actuelle. Celle ci est une construction néo-gothique assez banale, mais elle présente, à l'intérieur, des éléments néo-classiques dans les parties basses qui témoignent soit d'un changement de parti en cours de construction, soit d'un éclectisme incongru autant que débridé. La mise en valeur de la place par des éléments de mobilier urbain hésite entre le style nouille et une tendance organico futuriste ; elle pousse au paroxysme cet éclectisme portésien qui devient hollywoodien le soir tombé, lorsque les lampadaires-dinosaures s'inclinent pour dévorer goulûment la grappe de P.V.C bordeaux sur sa soucoupe dégoulinante.
On se rassure et on oublie ses frayeurs en descendant la grand rue tranquile dans laquelle on retrouve une oeuvre de Duphot, l'Hotel de Ville, qui semble indiquer que dans les années 1840 on vivait une décennie étrange au cours de laquelle la commande publique savait être "simple et de bon goût". Le village n'a guère changé depuis ce jour glorieux du 31 juillet 18O8 qui vit l'Empereur faire escale au château, le manière de protester contre le mascaret qui avait contrarié sa
temps de passer sa colère sur un coquetier : ce fut en effet sa manière de protester contre le mascaret qui entrava sa descente du fleuve et compromit le succés de sa réception à Bordeaux. En contrebas du château, au milieu des vignes, une fabrique de jardin aux allures de pigeonnier mais pourvue d'une cheminée et d'une grande baie face au fleuve aida les barons de Portets à assouvir leurs fantasmes de dîners galants et il y a fort à parier que si "tour à feu" il y a, ce feu consuma le sacrifice de quelque vertu sur l'autel du libertinage et de la galanterie du siècle des lumières.

Le Gua Mort sépare Portets de Beautiran son embouchure que franchit une "ponte" dont la structure de béton armé rapelle l'allure de l'ancienne construction de charpente. Une impressionnante bamboueraie borde la rivière, ne serait-ce le chalet Samsuffit du pêcheur du dimanche et son barbecue de tôle, on pourrait voir là le décor de Paul et Virginie succédant sans transition à celui des Infortunes de la vertu.
Remontant dans les terres on longe l'ancien château de Beautiran occupé par les bâtiments d'une papeterie. Beautiran fut en effet ville manufacturière : de 1802 à 1832 y furent fabriquées des "indiennes", cotonnades imprimées de motifs floraux ou de scènes de genre comme la célèbre "Agréable leçon" ou "l'Art d'aimer". En dépit de ce passé industriel, le coeur du village reste champètre : mairie, école, église, malgré leur proximité ne réussissent pas à créer une place, comme si Beautiran était rétif à tout projet d'urbanisation. L'église romane a été quelque peu malmenée au cours des siècles, elle avait déja pris de l'embonpoint avec ses larges bas-côtés lorsque fut entreprise sa restauration, conduite par G. Alaux, dans les années 1860. La façade conserve quelques éléments médiévaux et à l'intérieur les chapiteaux de l'entrée du choeur peuvent remonter au XIIème siècle, tandis que celui de la première colonne de la nef latérale nord porte les armes des Pontac qui étaient les seigneurs du lieu au XVIIème siècle. Les fonts baptismaux en marbre proviennent, dit-on, du château de Cadillac : s'ils étaient déja là le 7 avril 1770, ils furent recouverts par la crue de Garonne dont le souvenir est gardé par une inscrition à demi effacée du pilier nord. Les maisons qui s'égrennent le long de la rivière recevaient annuellement, généralement au printemps, la visite de Garonne qui marquait ainsi son territoire, et on supportait d'autant mieux ses caprices que la vitalité du fleuve garantissait de foisonnantes pêches de printemps ; les quelques pêcheurs qui continuent à vivre du fleuve troqueraient sans doute quelques heures d'hospitalité envers Garonne contre le retour des esturgeonnes aux flancs caviardeux.
Aux abords de l'Isle Saint Georges, le bocage s'installe les vignes font place aux prairies où l'on peut encore voir quelques animaux fabuleux dont on évoquera bientôt au coin du poste multimédia la silhouette amène pour nos petits enfants incrédules : des vaches.

Le Castéra, où se déroulèrent encore au seizième siècle des échauffourées sanglantes entre papistes et huguenots est un de ces anciens retranchements de terre établis dans le lit majeur du fleuve, dont il faudra bien un jour percer le mystère. Quelle relation cette fortification de terre et de palis entretenait elle avec le puissant château de l'Isle Saint Georges ?.personne ne saurait le dire, mais ce qui est certain, c'est que dans ces terres basses, parcourues par les bras multiples d'un fleuve non encore canalisé, sur une île plus ou moins aménagée, se dressa, trés tôt, au haut moyen-âge, une forteresse qui devint le siège d'une des plus anciennes seigneuries de Guienne. Le château a totalement disparu, mais l'emplacement en est encore trés visible sur le plan cadastral et des murs d'une épaisseur considérable, englobés dans des maisons plus modernes subsistent ici et là.. Même s' il a perdu son château, le village de l'Isle Saint Georges reste l'un des plus attachants de la rive gauche entre Bordeaux et Langon. On peut certes regretter que l'église, agrandie vers 1850 ait perdu son clocher-mur primitif, remplacé en 1856 par une flêche qui s'écroula de honte en 1860. Las ! le curé d'alors n'eut de paix ni de cesse de la faire reconstruire à l'identique, c'est à dire telle que l'illustre architecte et piètre technicien Lamosle l'avait dessinée dix ans auparavant. Le port, assez éloigné du fleuve, est nettoyé par le cours d'un ruisseau qui entraîna longtemps les roues d'un moulin, les cales de belle pierre blanche, l'écluse, le petit pont, sont autant de témoignages d'une ancienne façon d' "aménager le territoire" qui aide à s'interroger sur les notion de progrès, de travail et d'art de vivre ensemble. Plus modestes qu'à Portets, les maisons du bourg y sont également préservées de restauration s abusives par quelque génie du lieu qui veille à ce qu'il y ait juste assez d'argent pour entretenir le bâti et équiper les cuisines et les salles de bains.
Le comte Jules des Grottes était, lui, en mesure d'aller au delà des travaux de simple plomberie lorsqu'il entreprit d'aménager s a maison de Turpaut en 1875. Il y avait là une antique maison noble qui portait au XVème siècle le nom de Ferrand. Un dessin ancien nous la montre telle qu'elle était au XVIIIème siècle. C'est peut être en pensant à cette charmante "chartreuse" où il avait coulé des jours si heureux dans l' ineffable douceur de vivre d'ancien régime, que monta sur l'échafaud, le 3 thermidor an II, son ci-devant de propriétaire, Jean Baptiste de Barret. La porte de la chapelle parait dater du XVIIème siècle : c'est l'élément le plus ancien de cette maison qui avec son pavillon central d'ardoise, sa terrasse couverte, son jardin à l'anglaise, témoigne de la prospérité du pays bordelais dans les premières années de la troisième république. Là encore l'architecture est marquée au coin du convenable : Turpaut "convient" en effet parfaitement à ce paysage, ses vastes communs; la longue allée qui relie la maison au fleuve, les grilles qui cernent le jardin et ferment les cours donnent sa dimension humaine au rivage du grand fleuve sauvage.. L'autorité sereine du château s'impose même au turbulent mascaret qui en respecte le domaine : c'est d'Esconac, "en face", qu'il arrache les berges.