samedi 28 septembre 2013


> DIMANCHE 6 OCTOBRE 2013
>>
22ème promenade des Fans du Mascaret
>
>
La  22ème promenade des Fans du Mascaret
 partira à 10heures précises 
du Tourne, esplanade Jacques Josselin (chantiers Tramasset) 
et se terminera au même endroit à 18h
>
(Mascaret prévu vers 18h15)
>


>
L'assemblée générale se tiendra sur le lieu du pique-nique, à" La petite Caussade"
>  -grange du château de Lacaussade-à Baurech-
>   Les cotisations (2 euros cinquante centimes par personne) seront  perçues lors de l'apéritif ,
>  le bilan moral sera présenté en hors d'oeuvre, le bilan financier en plat de résistance et l'élection du bureau s'effectuera dans le plus grand respect des règles démocratiques au dessert.
Café ou Thé à la Menthe seront offerts mais n'oubliez pas votre Pique-Nique et les boissons qui en accroissent le charme et aiguisent la convivialité
vous trouverez ci dessous une carte avec l'itinéraire approximatif (en rouge pour la matinée en mauve pour l'après midi ; il est recommandé de prévoir des parapluies ou autres ustensiles susceptibles de vous permettre de vous abriter des averses prévisibles en cette saison. 


Il y a 22 ans, la deuxième promenade des "Fans du Mascaret" suivit à peu près le même itinéraire, en voici le compte-rendu ...



2ème promenade des fans du mascaret- Dimanche 31 mai 1992

La promenade de 1991 nous conduisit du côté des Guermantes, en 1992, c’est du côté de chez Swann que nous partîmes, c’est à dire des chantiers Tramasset vers l’aval. Le chemin qui franchit les cales envasées des chantiers gagne ensuite la digue reconstruite après la grande crue de 1981. Il longe une série de carrelets présentant une vision allégorique des âges de la vie : les uns sont encore quasiment in utero et seuls quelques mamelons de terre signalent que l’on  s’apprête à ficher quelques carassons ou poteaux télégraphiques destinés à porter le futur ponton, d’autres ont l’agressive discrétion de loubards à mobylettes dépotées, comme cette cabane de chantier vert cru (crues?) incongrûment posée le dos tourné au mascaret ; de vénérables rombières voilent leurs yeux de verre de rideaux de fausses dentelles en attendant que la décrépitude qui rend bancale leur voisine ne les conduise peu à peu vers le pourrissement ou la noyade. C’est cette diversité qui en définitive fait la valeur de cette allée de folies prolétaires et en attendant que le comité- du- tourisme- et -de -sauvegarde-du-patrimoine-fluvial-non-protégé ou autre établissement public à vocation administrativo financière n’impose le rondin calibré Castorama et la vraie tuile de fausse terre-cuite ;  réjouissons-nous de cet alignement bucolique de fautes de goût.
Au bout du chemin, Valade est une jolie maison XVIIIème qui abrite désormais une halte nautique, une auberge et de grandes salles locatives pour noces et banquets. Il faut contourner la maison en suivant le chemin de randonnée dont les balises se perdent dans les fourrés pour s’éloigner de la Garonne puisque quelques riverains jaloux de la tranquilité de leurs chiens de compagnie refusèrent le passage aux randonneurs du dimanche. Les chemins de palus conduit par l’arrière de port Leyron à la gravière abandonnée  qui attend toujours un réaménagement qui pourrait en faire un lieu de pêche, de promenade et de canotage rurbain. En attendant le braconnage y fleurit et les grenouilles y coassent en attendant le prince charmant qui les transformera en nymphettes en monos.
 Le clocher de Baurech sert de phare et guide nos pas vers Baurech. L’église du lieu est dans sa simplicité un petit chef d’oeuvre d’architecture religieuse, étonnant à plus d’un titre ; son chevet est roman, mais le choeur est couvert de voûtes gothiques du XIIIème siècle tandis que la flèche, XVIème mais reconstruite à plusieurs reprises est la petite soeur de celles de saint André ou de saint Michel de Bordeaux. La partie la plus surprenante de l’église est cachée : au-dessus des voûtes de la nef se déploie en effet une magnifique charpente de la fin du Moyen-Âge, assez exceptionnelle par sa qualité.
Après la visite de l’église les fans rebroussèrent chemin sur quelques centaines de mètres pour gagner le parc du château Gamade dit aussi de Nort ou “ de l’Horloge ” où les nappes furent étendues au pied d’une fontaine du XVIIIème siècle envahie par le lierre et les mousses, tout droit sortie d’un carnet de croquis d’Hubert Robert.
Une sente qui se faufile au travers des lauriers permit de regagner sans retourner à l’église, la petite route qui passe au pied de Montastruc. Laissant Puygueraud sur la droite, la colonne des fans plongea dans le vallon de pour gagner le château de Lyde, prototype de la chartreuse bordelaise avec son pavillon central d’ardoise et ses ailes en rez-de-chaussée surélevé. Cette jolie maison du XVIIème siècle fut pourvue dans la première décennie du XVIIIème siècle d’une chapelle, classée monument historique, qui conserve son décor de boiseries et de toiles peintes, dont une résurrection signée et datée de 1709 par Robert Larreydie qui fut secrétaire de l’Académie royale de sculpture et peinture. Le propriétaire du lieu, M. Garraud nous fit les honneurs du lieu avant que l’on reprenne le chemin vers Sentout belle maison dont le logis rectangulaire est flanqué de maigres tourelles qui cautionnent avec la chapelle voisine de l’entrée la prétention aristocratique. La terrasse plantée de tilleuls est bordée de magnifiques balustres de pierre. Face à Sentout, La Caussade est un vrai château à tours et souterrains, maintes fois remanié depuis le Moyen-Âge. Dans l’échancrure profonde du Bridat la vue se dégage au sud-ouest sur la plaine de la Garonne et au delà, sur les landes de La Brède et Saucats. Au-dessous d’Armagnac, le chemin des oiseaux descend vers Lagarosse dont l’on devine les tourelles d’ardoises avant d’obliquer sur la droite vers Rouquey. Le lavoir joliment restauré a été agrémenté d’un Maneken Piece de pierre reconstituée qui ne lui ajoute rien mais qui contribue à alimenter en eau le petit estey  canalisé qui traverse le hameau longeant les jardinets et les façades de pierre de sages maisons girondines. Au-dessus des maisons, sur la droite, le petit bois touffu qui domine le vallon abrite les vestiges du château de Rouquey qui fit dans les années soixante l’objet de fouilles archéologiques qui révélèrent la très grande ancienneté du site. On traverse la D10 face à La Providence, maison bourgeoise
au toit d’ardoise qui fait face à l’ancienne gare du petit train de Benauges.
« Prenant le relais de la diligence, le tramway de Bordeaux à Cadillac appelé le petit train des Benauges par le Poète André Berry vit sa ligne inaugurée le 12 avril 1897 et dès le 15 assurait son service normal. Il fallait à peu près deux heures pour parcourir les 32 Kms qui séparent Bordeaux  de Cadillac. Après avoir connu le succès pendant de nombreuses années grâce à de “bons et loyaux services ” l'exploitation de la ligne cessa définitivement le 30 juin 1935. Le “petit train” était à son tour remplacé par un service d'autobus... L'auteur assista à son dernier passage au port, allant vers le dépôt, recouvert de gerbes mortuaires. ” c’est ainsi que Michel Garraud dans Langoiran, ancienne baronnie de l’Entre-Deux-Mers,évoque le petit train de Cadillac célébré par ailleurs par André Berry :

LE PETIT TRAIN DE CADILLAC

0 toi, petit train des Benauges !
Bêlant comme un chevreau perdu,
A travers les thyms et les sauges
Aux creux de ton sentier ardu.
Grinçant aux courbes de ta ligne
Entouré d'un tourbillon noir
Que fait tournoyer sur la vigne
Ta cheminée en entonnoir
Doux petit train, qui tourne et tourne,
Brûlant l'herbe et les liserons
De la Bastide jusqu'au Tourne,
Et jusqu'aux rives de Cérons.
Juste effroi de la mère poule
Qui souvent après tes convois
Trouve ses chers poussins en foule
Méchamment broyés sous ton poids.
J'ai dû courir à ta poursuite,
Ou, d'un signe de mon mouchoir,
T'arrêter piaffant dans ta suite
Près du tourniquet du lavoir.
C'est grâce à toi, crache fumée,
Que j'ai pu si souvent revoir
Bordeaux, ma ville bien aimée
Et Quinsac, mon plaisant terroir.
Les fans, moulus, fourbus, abattus auraient volontiers embarqué à bord du petit train de Benauges pour regagner LeTourne, mais ils avaient raté d’à peine 67 ans le dernier train et le Citram ne touchant pas de subventions pour circuler le dimanche soir, il fallut, par la route des palus regagner les quais du Tourne à une allure de mascaret de lune vieille.