lundi 19 septembre 2022

 Chers Fans

le départ de la 29ème promenade des
Fans du Mascaret s'effectuera le Dimanche 25 septembre.
Le départ est fixé à 10H pétantes 
sur l'aire de loisirs du Moulin du Pont à Preignac 
De là, nous nous dirigerons vers Garonne que nous longerons jusqu'au cœur du village
Vers 11h est prévue une visite et une dégustation au château d'Armajan des Ormes, à la suite de quoi, à 12h15,  nous visiterons l'église Saint-Vincent.
 
Le pique-nique / assemblée générale 
(ordre du jour : bilan moral, bilan financier, renouvellement du bureau, programmation 2023, questions diverses) 
se tiendra vers 13h au 
Domaine de la chapelle 2 chemin de Rouquette à Preignac.
apéritif café et thé à la menthe seront offerts par les Fans du Mascaret aux Fans du Mascaret présents à 14heures

La cotisation annuelle qui comprend le prix des visites est fixée à 10 euros par personne

Le retour est prévu vers 18h au point de départ
La distance à parcourir est de l'ordre de 8 kilomètres et les haltes seront longues et riches de découvertes.

Il se peut que nous puissions bénéficier de quelques ondées passagères, songez à prendre parapluies ou pèlerines hydrofuges... par ailleurs vous aurez la possibilité d'acquérir quelques bouteilles du nectar produit à Armajan ou à Moulin Neuf ...


1 départ Moulin du Pont 10h
             
             2 château d'Armajan des Ormes 11h

3 église Saint-Vincent 12h15
          
             4 Pique-Nique / assemblée générale
         Domaine de la Chapelle13h30,
           
          après le café,  nous explorerons
             les vestiges du Moulin neuf 14h30
       
        5 aire naturelle des Sanches 16h
     
        1 fin de la promenade vers 17h30


     Au cours de cette promenade, nous évoquerons avec affection la mémoire de notre chère amie 
Catherine Goyaud Craveia,
 qui, en 1997 nous avait aidé à composer l'itinéraire de la 7ème promenade et nous avait accueillis dans les chais du château Roumieu. 

Le texte du livret de la 7ème promenade dont l'itinéraire était sensiblement différent de celui de la 29ème  (et, si je me souviens bien, de l'itinéraire prévu dans le livret du fait d'un égarement de la troupe dans la hêtraie du Ciron) vous est proposé ci dessous car il peut  éclairer certains aspects du territoire que nous explorerons le 25 septembre 2022.
                                                  Le château d'Armajan en 1643

Les arches du pont du Moulin Neuf

   

Cérons, Barsac et le Ciron


7ème promenade des Fans du Mascaret

Dimanche 1° juin 1997


                      A la limite des Graves et du Sauternais, Cérons est aussi, l'une des étapes signalée par l'itinéraire d'Antonin, c'est dire que l'appétit archéologique peut y être relayé par la curiosité gastronomique. C'est en outre l'un de ces lieux privilégiés où s'exprime une rupture de paysage saisissante qui témoigne de l'incomparable variété patrimoine rural français : la lisière de la forêt landaise y confronte brutalement les règes des vignobles, qui, prenant appui sur la rive gauche du fleuve, franchissent la Garonne pour se répandre, en face, sur les premières collines de l'Entre-deux-Mers. Ces deux univers, celui des pins et celui des vignes constitueraient des pôles inconciliables, comme dans l'œuvre de Mauriac où l'ascèse sauvage des grands troncs meurtris le dispute à l'éthique contorsionnée des ceps, si le Ciron ne liait les deux terroirs de son ruban moiré de roux. Depuis que ce paysage existe, c'est à dire, depuis que l'homme a façonné une nature ingrate où les sables arides le disputaient aux palus insalubres, le Ciron s'est mis au  service d'une économie qui associe les ressources forestières, celles du vignoble.et celles du grand fleuve ouvert sur l'Océan; les acacias nombreux qui bordent ses rives arment la trame  des rangées régulières de ceps de vigne, ils fournissent aussi les rayons des roues des charrettes qui portent les lourdes bastes de vendanges, et les poteaux de mines taillés dans les troncs des pins qui fixent les sables en descendent le cours pour aller étayer, au terme d'un voyage au long cours, les galeries des houillères des Midlands.

            C'est là une manière de renouer avec un passé fortement marqué par la présence anglaise, du temps ou l'Europe était une réalité dynastique et où le prévôt royal Nicolas Bowet se préparait à coiffer la mitre de l'évêché d'York. L'église de Cérons, dont le portail roman fut déplacé de quelques mètres vers l'ouest en 1844 évoque cette période, qui de la fin du XIIème siècle à la fin du XVème siècle vit se succéder à la tête du duché Plantagenêts Capétiens et Valois, auxquels se soumettaient avec un pragmatisme gascon les seigneurs locaux adeptes d'une real politique indexée sur le cours du vin. Le terroir, merveilleusement propice à la production viticole, justifie en effet que l'on sacrifie l'honneur chevaleresque au devoir de préserver des récoltes et de les acheminer par voie d'eau vers les papilles aptes à en justifier le prix.

  Dés cette époque la bourgeoisie urbaine colonise les Graves, mais c'est avec les grandes fortunes parlementaires du XVIIème siècle que se construit réellement un vignoble de prestige : le château de La tour, dont la silhouette féodale est lisible sur le dessin que fit depuis le coche d'eau qui descendait la Garonne le dessinateur hollandais Van Der Hem allait en effet être supplanté dans la hiérarchie des demeures de notables locaux par celui de Cérons qui appartenait au XVIIème et XVIIIème siècle à la famille de Calvimont. C'est, dans son vaste enclos le type même de la demeure de parlementaire du pays bordelais, vaste, élégante, sans faste superflue, mais suffisamment marquée par les signes d'une architecture aristocratique pour que nul ne s'y trompe : perron, pavillons à couverture d'ardoise, fronton sculpté etc...

  En se dirigeant vers le pont reconstruit en 1880 par l'entreprise Le Brun-Pille sur un projet de l'architecte Promt, on aperçoit la référence de ce type de demeures snobs de l'âge classique : le château de Cadillac, qui lorsque Calvimont fut construit commençait déjà à crouler faute d'entretien. En obliquant sur la droite, on gagne alors le chemin qui, longeant la Garonne conduit à Barsac le long de plantations de peupliers qui supportent mieux que les vignes d'avoir plusieurs mois par an les pieds dans l'eau.

  Ancienne prévôté royale, Barsac conserve quelques maisons médiévales à proximité de l'église Saint Vincent, patron des vignerons; conscients de l'efficacité de leur protecteur les paroissiens n'hésitèrent pas à reconstruire à plusieurs reprise le sanctuaire. Des églises de XIIème et du XVIème siècles ne subsistent guère de vestiges car à partir de 1702 le maître maçon  bordelais Joyneau édifia un monument dont la façade, en bordure de la route royale puis nationale pourrait laisser croire qu'elle n'est qu'opulente ; il faut pénétrer dans l'édifice pour comprendre ce que peut être l'élégance du parti architectural et le raffinement du décor, s'en priver équivaudrait à se délecter de vin de Barsac sans ôter le bouchon de la bouteille. La nef de type halle à trois vaisseaux et la tribune sont le fruit de la science stéréotomique des tailleurs de pierre bordelais et le mobilier de très grande qualité : retable de Vernet, autel de Sainte Barbe de Barthélémy Cabirol, banc d'oeuvre, stalles, boiseries verrières, est digne  des grandes églises urbaines. 

  Le Ciron délimite les territoires communaux de Barsac et de Preignac, son embouchure sur la Garonne, dont le pittoresque est renforcé à marée basse par un seuil rocheux qui lui donne des allures de torrent, est franchie par une passerelle qui nous conduit sur sa rive droite. Non loin de là les vestiges du Moulin du Pont, signalé au XIIIème siècle devint propriété des chartreux de Saint Bruno de Bordeaux qui le firent reconstruire vers 1680, très marqué par des aménagements du milieu du XIXème siècle, il est, avec l'ancienne briqueterie des Roches, établie en amont au début du siècle, le vestige d'une époque où l'on construisait les établissements industriels à la campagne car il était alors encore plus rentable d'exploiter les eaux que les hommes.

  Les temps ont changé pour la plus grande prospérité des manufacturiers et le Ciron ne fait plus depuis longtemps crisser des dizaines et des dizaines de meules tout au long de son parcours : ce sont maintenant les chaussures des randonneurs qui, froissant les feuilles mortes et damant les sentiers de sable qui le longent constituent les outils de ces o.s de l'industrie touristique dont on attend peut être beaucoup plus qu'elle ne pourra jamais donner. Ce scepticisme ne doit pas pour autant amoindrir le plaisir que l'on peut éprouver à effectuer cette promenade le long de la rivière, et les quelques cadavres de bouteilles en p.v.c dont le parcours vers le grand large et les plages atlantiques est momentanément entravé par ceux de quelques ormes abattus n' obscurcira pas l'allégresse de notre promenade et du pique-nique sur l'aire de loisir de Preignac. 

  Franchissant le Ciron sur une passerelle incurvée on regagne le Haut Barsac au niveau du hameau de la Pinesse ; les chais du château Roumieu-Goyaud ajoutent aux plaisir de la vue et de l'ouïe, comblés par la promenade en forêt, ceux de l'odorat et du goût que le Sauternes comble.

  Le vignoble du haut Barsac présente un échantillonnage parfaitement équilibré des demeures de vignerons. C'est une maison noble construite en 1340 pour Gaillard de Ciran qui abrite aujourd'hui les ouvriers agricoles du château Coutet, au delà des maisons de vigneron de Hallet, le château Myrat est une très jolie demeure de la deuxième moitié du XVIIIème siècle, le perron en fer à cheval embourgeoise cette réplique au petit pied du château de Malle.

        Le retour passe devant ce qui dut être un des plus beaux châteaux de Cérons : Saint Cricq ; le logis qui avait été construit en 1538 est détruit mais l'enceinte crènelée cantonnée de tours carrées et le corps de passage subsistent, fortement marqués par une reconstruction du début du XVIIème siècle. Nul doute que la traversée du bourg de Cérons paraît fade au terme de cette promenade, mais les inconditionnels des richesses patrimoniales ne manqueront pas d'apprécier ces maisons de village qui bordent le dernier kilomètre de notre parcours..



MOULIN DU PONT : article de Vincent Joineau et Sébastien Pottier


https://www.societe-archeologique-bordeaux.fr/images/stories/PDF/Revue2006/RAB097_2006_127-140_Joineau.pdf